Le Dusquesne - Ballon monté, pli ordinaire

Désignation

Le Dusquesne

Ballon monté, pli ordinaire

Auteur/Exécutant

Dujardin Charles

  • NomDujardin
  • PrénomCharles
  • Notice biographiqueMembre de la garde nationale resté dans la capitale pendant le Siège de Paris (1870-1871). Durant cette période il écrit très régulièrement à sa femme et sa fille réfugiées chez des cousins dans le Nord puis dans le Pas-de-Calais. Sa correspondance illustre le quotidien des civils dans la capitale : bombardements, privations, description détaillée des repas, inquiétudes, maladies, attente d’une intervention militaire extérieure, espoirs et déceptions.

Auteur

Date de création

1871, janvier 6 : Date de départ

Lieu de création

Paris

Domaine

Marque postale

Matière et technique

Papier pelure

Encre

; Papier

Mesures

Longueur en cm : 10

Description

Cette lettre est écrite par Charles Dujardin, membre de la garde nationale resté dans la capitale pendant le Siège de Paris. Il écrit très régulièrement à sa femme et sa fille réfugiées chez des cousins dans le Nord puis dans le Pas-de-Calais.
Sa lettre a été transportée par Le Dusquesne, le 55ème ballon du Siège de Paris. Ce ballon décolle de la gare d'Orléans le lundi 9 janvier1871 à 3 h. L'aéronaute Charles Richard atterrit le lundi 9 janvier à 15h près de Ludes, dans la Marne. Les sacs de dépêches furent cachés dans des paniers de champagne.

L'expéditeur décrit à sa femme les bombardements et le bruit des batailles aux forts de Montrouge, de Vanves et d'Issy qu'il entend depuis chez lui.
Comme dans la plupart de ses lettres, Charles décrit aussi ses repas, souvent composés de pain, des confitures de sa femme et de cheval, viande qu’il décrit comme « lourde » et difficile à digérer. Ici il donne une idée des prix exorbitants des denrées : « un chat au marché se vend 20 frs les lapins 40 frs un œuf 2 et 2.50 pièce les animaux du Jardin des plantes ne sont pas épargnés on a tué dernièrement un éléphant qui a été acheté 20 000 frs par un restaurateur ».

Sujet / thème

Bombardement

Inscriptions / marques

Type 17 Recette

; Au recto

; Cachet type 17 Paris

Type 17 Recette

; Cachet type 17 Boulogne sur Mer

Inscription manuscrite

; Contenu de la lettre.

; N°39 Vendredi 6 janvier 2 heures
Ma chère femme
Je viens de déjeuner avec Jules Tréboul lequel est dans la plus vive / anxiété ne sachant ce qu’est devenu sa femme et ses enfants. Les / prussiens ayant investi Tours, il me prie de te dire que tu ais l’obligeance / de lui écrire q’uil se porte bien, que journellement nous sommes ensembles / nous ne nous quittons pas, si elle est partie de Tours elle n’aura pas été / sans te donner sa nouvelle adresse. Le bombardement de Paris a commencé / mais rassure toi ils font beaucoup de bruit sans nous faire de mal / quelques obus isolés sont tombés sur Montrouge sans q’uil n’y ait eu / de victimes à déplorer, quelques trous dans les maisons et voila tout, ils / veulent nous épouvanter mais c’est le contraire qui existe. Jamais je n’ai / entendu un vacarme comme dans la journée d’hier, nos forts de Montrouge / de Vanves et d’Yssy ont été couverts de projectiles qui n’ont produit aucun / effet en revanches de nos remparts et de nos redoutes nous leur avons démontés / plusieurs batteries et tués beaucoup d’hommes. En sommes tout le monde est / content de leur détermination ça prouve q’uil en ont assez ils ont brulés / beaucoup de poudre p[ou]r le roi de Prusse. Toute la garde nationale mobilisée / va partir mais rassure toi sur mon compte ce ne sont que les célibataires / de 25 à 29 ans quant aux hommes mariés ils gardent Paris et il va / sans dire que je suis du nombre. L’on nous affirme qu’en province que / tous les hommes mariés ou non jusqu’à 45 ans sont levés s’il en est ainsi / qu’elle bonne inspiration j’ai eu de revenir ici ce pauvre Paul serait donc / du nombre quel malheur p[ou]r sa femme et ses enfants j’espère encore p[ou]r lui / que ces bruits sont faux. J’ai diné hier chez Alexandre chez qui j’ai couché / il faisait tellement froid hier soir, que j’ai accepté l’hospitalité q’uils m’ont offert / l’un et l’autre sont pleins d’égards p[ou]r moi. Hier jeudi comme d’habitude / [ch[e]z ?] déjeuné chez Claro la mère combadière ainsi qu’elvire assistaient au repas. / Elvire et ces enfants également ces derniers du reste ont leur couverts mis tous / les jeudis et depuis le commencement du Siège. Claro du reste est charmant / p[ou]r nous il porte toute son amitié sur la famille Dujardin de laquelle il / a de si bons souvenirs l’on dirait que la famille Mariage lui est étrangère / ça ne t’étonnera pas. Comme je te le dis dans toutes mes lettres les vivres / deviennent tellement rares (à part le pain) que tout généralement est inabordable / L’on mange tous les animaux chevaux chiens chats rats et à des prix incroyables / un chat au marché se vend 20 frs les lapins 40 frs un œuf 2 et 2.50 pièce / les animaux du Jardin des plantes ne sont pas épargnés on a tué dernierement / un éléphant qui a été acheté 20 000 frs par un restaurateur tel que Chevet ou / autre. Telle est la situation sans exagération aucune. En un mot la situation / n’est pas mauvaise ici pas le moindre cri de la part de la population pauvre / des établissements publics sont ouverts p[ou]r les indigents auxquels tous les jours on distribue / des rations de pains et légumes et du bouillon d’os. Quant à ton mari ce qui / te préoccupe le plus il a parfaitement déjeuné avec son ami Jules Tréboul lequel / ma offert un [?] assez bon p[ou]r le moment composé d’une soupe à l’oignon / cheval au gratin et du riz et confitures, si comme je te le dis plus haut si j’étais / resté à Aire il aurait fallu que je parte comme les autres dans l’armée active / c’est alors que tu te serais tourmentée / ma pauvre amie tandis que quoique / séparés tu me vois en lieu sur / et bien portant. Je te jure que je / te dis la vérité la garde nationale / sédentaire dont je fais parti ne / quittera pas Paris ainsi te voila / donc rassuré et moi aussi. Comme / il n’y a plus de troupes ici c’est / nous qui les remplaçons pour garder / la ville. Si les armées de province / nous aident tant mieux. Les / Prussiens occupent Charny dit-on / tu pourrais écrire à Fera et à / Madon mais je crains que vu / les réquisitions que les Prussiens / auront du faire, q’uils puissent / nous payer maintenant nos / intérets. Quant aux Canebier / je vais leur écrire en leur / donnant ton adresse afin qu’ils / puissent t’envoyer les intéret. / Je suis bien content que tu / aies nos titres ainsi que notre / argenterie, car si les Prussien / allaient dans le nord, tu / ne manquerai pas d’aller en / Belgique j’en suis certain avec / mon cousin et ma cousine. Je / t’ai déja dit qu’à Poperingue / j’ai un ancien ami lié également / avec les Fanchille du nom / de Decoop il est banquier / je crois, mon cousin pourrait / lui écrire de ma part et / pourrait [et mème ?] se mettrait / en quatre p[ou]r vous trouver / un appartement. A Ostende / il y a aussi un nommé / Duclos ancien ami de / la famille Dujardin / qui se dévouerait également pour / te trouver un appartement, prends / note de ces deux adresses, ce / dernier est un grand ami de / Louis. En parlant de Louis, / je n’en ai plus eu de nouvelles / ce pauvre garçon est peut être / tué à l’heure q’uil est ou ruiné / complètement, nous y pensons / journellement les Prussiens sont / chez eux depuis longtemps. Quel / désastre ! Songeons à notre / santé maintenant c’est la / principale chose. Mais enfin / il ne faut pas se désespérer / nous avons éprouvé bien des / échecs mais j’espère ainsi que / tout le monde que la chance / finira par tourner de notre / côté. Quand nous nous / reverrons que de choses nous / nous raconterons, si Paris / parvient à se débloquer, comme / j’accourrai auprès de vous / tous, j’espère que ça ne / tardera pas. Elvire veut / à toute force que j’y aille diner / ce soir j’y porterai une bouteille / de vin le repas se compose / de riz voila la carte, tu feras / un meille[ur] dîner que moi. Je / ne me plains pas, la temperature / n’est plus aussi rigoureuse aujourdh[u]i / tant mieux car il n’y a plus de / combustible, heureusement que / j’ai du bois en cave. Je finis / en t’embrassant ainsi que ma / chère petite fille sans oublier / mon cousin et ma cousine / Ton mari qui t’aime et / qui pense souvent à toi / Charles

Date d'utilisation / destination

1871, janvier 14 : Date d'arrivée

Lieu d'utilisation / destination

Boulogne sur Mer

Utilisation / destination

Lettre 1er échelon pour l'intérieur

Date d'utilisation / destination

1870, septembre 26 : Date d'application

Département

Collections philatéliques

Propriétaire

La Poste

Crédits

© Photo : Musée de La Poste, Paris / La Poste / Tous droits réservés
© Notice : Musée de La Poste, Paris / La Poste

Particularité

Affranchissement total : 20 c

; Lettre affranchie par un timbre-poste Empire lauré bleu 20 c (n°29 Yvert et Tellier)

Bibliographie

Les ballons montés

; p. 230

Numéro d'inventaire

2006.132.21