A l’heure actuelle, le musée dispose de près de 16 000 œuvres relatives au Mail-Art et à l’Art Postal. Artistes et amateur.ices s’entremêlent au sein de ces deux courants afin de jouer avec le système postal, le provoquant même parfois. C’est l’un des principes du Mail-Art, qui se différencie de l’art postal par ses valeurs revendicatives.

Le mouvement du Mail-Art, émergeant au début des années 1960 et périclitant au courant des années 1990, s’oppose aux institutions muséales en faisant transiter l’art par la poste. Les correspondances véhiculées sont souvent composées de collages, entrepris à l’aide de la photocopieuse, mais également de tampons et de timbres d’artistes. La récupération de symboles et de moyens administratifs par ces artistes permet d’en établir la critique, au sein d’un siècle marqué par l’avènement bureaucratique. De même, le Mail-Art permet aux artistes subissant la répression politique de contourner la censure. Il s’agit donc d’un courant aux fortes valeurs anti-militaristes. Le musée dispose de divers témoignages de ces faits, notamment grâce aux dons du mail-artist et éditeur français Michel Champendal, réunissant plus de 3 000 pièces.

R.J. by R.J., correspondance Mail-art, Ruud Janssen, 1995, inv. 2010.0.50, © Musée de La Poste, Paris / La Poste / Tous droits réservés, 2025

Enveloppe décorée, Gérard Pestmal, 1976, inv. 2009.24.1, © Musée de La Poste, Paris / La Poste / Tous droits réservés, 2025

L’art postal se distingue du Mail-Art dans la mesure où il est dépourvu de discours fort. Ici, c’est la valeur esthétique qui prime, invoquant plusieurs techniques artistiques plus classiques telles que la peinture, l’aquarelle ou bien d’harmonieux collages. L’art postal n’est pas forcément posté, il peut également s’exprimer sur de multiples supports, souvent insolites (boîtes aux lettres, toiles de sac postal, chèques postaux) et avec les techniques les plus variées (peinture, sculpture, gravure, techniques mixtes, photographie). Dans ce répertoire se croisent les grands noms de l’art contemporain et d’autres moins connus du grand public. Parmi l’ensemble de ces artistes, citons Pierre Alechinsky, Arman, Ben, Calder, César, Gaston Chaissac, James Chedburn, Marcel Duchamp, Jérôme Mesnager,
Claude Viallat ou le « street artiste » Christian Guémy dit C215.

Le musée possède par ailleurs plusieurs œuvres d’art brut émanant de postiers artistes, le plus célèbre étant le facteur Cheval. En 2009 a été acquis un ensemble de dessins d’architecture représentant le Palais Idéal, dont l’un signé du facteur Cheval lui-même.